Pour cette randonnée devant nous mener sur le site historique du Linge, rendez-vous avait été donné à Munster au Parc de la Fecht.
La Fecht est la rivière qui alimente la vallée de Munster, mais on distingue la grande Fecht et la petite Fecht.
La première se trouve dans la grande vallée, la seconde dans la petite vallée. Les deux se rejoignent à Munster, et c'est au confluent de ces deux vallées que les moines irlandais venus coloniser la région, ont érigé le monastère qui a donné le nom à la ville : Monastérium ad confluectes. C'était en 660
La grande vallée compte 5 villages, alors que la petite vallée en compte trois. La première mène au col du Platzerwasen, la seconde au col de la Schlucht, un axe de liaison majeur entre les Vosges et l'Alsace.
Après un court cheminement en ville, nous partons à l'assaut du Linge par une petite grimpée du rocher du Narrenstein.
Dès les premiers lacets une vue magnifique s'offre à nous sur la ville, une juste récompense pour ce démarrage en côte, où la chaleur provoquée par les rayons de soleil combinée à celle de la grimpe nous réchauffe rapidement, et nous amène à enlever les "couches" inutiles.
Le sentier nous conduit à l'une des annexes de la ville, Haslach,sur un petit plateau, lové dans un écrin de verdure sur lequel s'éparpillent une poignée d'habitations.
Un peu plus haut, nous nous retrouvons, en pleine forêt, sur le site de l'ancien sanatorium et des habitations de service.
Après un passage en sous-bois, nous arrivons au lieu-dit Schneiden, où, à l'abri du soleil et sous couvert des noisetiers et des sapins, c'est un arrêt et une pause bien méritée. Nous sommes "Schneiden" un toponyme traduction de limite, frontière. C'est en effet ici que se rejoignent les bans de la ville de Munster et des communes de Gunsbach et de Hohrod.
Quelques lacets encore en forêt toujours, et nous nous croisons un imposant blockhaus de la première guerre mondiale de l'armée allemande. Imposant, mais design avec son Parement de pierres de taille, il constituait le QG des officiers supérieurs qui commandaient le secteur lors des batailles du Linge.
Nous débouchons enfin sur les pâturages d'altitude où serpente le sentier panoramique.
Fleuron des sentiers d'altitude, ce dernier a en effet été classé par les accompagnateurs de moyenne montagne parmi les plus beaux points de vue des Vosges avec le Petit Ballon et le rocher du Tanet.
Tout au long du sentier durant près d'une heure, s'offre à nous une vue majestueuse, aérienne, sur la vallée et ses villages, sur le chaînon secondaire du Petit Ballon et le Hohneck.
A l'ouest, ce sommet emblématique souvent couronné de neige, se détache sous un ciel d'azur.
Il barre la route et veille sur cet ensemble constitué de vallées, de hautes vallées, de couloirs enneigés, de murailles, de tourbières de cirques glaciaires tels que le Frankenthal, d'auberges et de fermettes d'altitude.
De ce fait, la vallée est parfois nommée "Kleine Schweitze" La petite Suisse. Rien d'étonnant.
Puis c'est la dernière grimpée, et nous nous retrouvons sur la terrasse de la Ferme Auberge du Glasborn, inondée par le soleil pour un repas et repos bien mérités : sandwich pour les uns, petit repas marcaire pour les autres et boisson à volonté : il a fait chaud !
Après le repas, c'est un léger faux-plat, et nous arrivons à la "Courtine"
Cette dernière constitue le point haut de notre randonnée à une altitude de 1000 m
La courtine se trouve au pied du sommet du Schratzmannele, le sommet dominant de ce chaînon battu par les vents d'ouest, où français et allemands se sont livrés des combats acharnés en juillet 1915
"Le tombeau des chasseurs" est ainsi classé avec la Tête des Faux et le Hartmannswillerkopf parmi les sites historiques de la première guerre mondiale.
Autour de nous, nous apercevons encore les cratères formés par l'explosion des obus qui arrosaient les vagues d'assaut françaises voulant déloger l'ennemi.
Rappelons sur le plan tactique, que l'État major français avait décidé de reconquérir la plaine d'Alsace et les vallées par la théorie militaire de "débordement par les hauts" chère à Napoléon, mais oubliait que le site avait été aménagé et fortifié au préalable, d'où l'importance des victimes.
Retour sur le Hohrodberg par un chaînon secondaire orienté nord sud cette fois, largement fortifié là encore pour contrôler l'axe Colmar Gérardmer, avec un débouché à 950 m sur le site de décollage de parapentes : un panorama magnifique toujours, le graal !
Au fond, Munster toujours et ses quelques originalités
Les marcaires qui pratiquent l'estive dès le IX ème siècle.
La fabrication du fromage du même nom.
L'axe Colmar Gérardmer nous l'avons vu.
Une économie dont la pierre angulaire est l'agriculture, l'élevage, le tourisme, l'exploitation forestière.
C'est le siège
enfin du Parc Régional des Ballons des Vosges dont le rôle est la protection des paysages et du patrimoine, et le développement durable.
A noter enfin, que la ville aura longtemps été le siège d'un important centre de production textile grâce à la famille Hartmann.
Les "Indiennes" étaient connues et commercialisées dans toute l'Europe. Un secteur en crise maintenant.
Le secteur du textile embauchait dans les années 1800 plus de 3000 personnes. (La ville compte actuellement 4371 habitants)
Sur le plan historique toujours, on notera que si la ville a été une ville monastique fondée grâce et autour d'un monastère, gérée et dirigée par ses moines, elle a pris son indépendance en 1235 en devenant ville d'Empire. Munster a également fait partie de la décapole (1354) et de ses 10 villes qui se sont regroupées pour se prêter assistance en cas de conflit. Notons aussi le traité de Kientzheim en 1575 sous Lazare de Schwendi avec la liberté de confession et le paiement des Pasteurs.
En 1790 les communes deviennent indivises avec nomination d'un Maire et de ses conseillers.
Au retour, nous passons par l'annexe du Hohrodberg (village Hohrod) puis empruntons le sentier des "Cinq pfennig" en plongeant sur la ville.
Une journée de randonnée de plus, en parfaite convivialité : merci à vous pour votre participation et votre bonne humeur.
André